Les industriels

PME, sous-traitants, grands groupes internationaux

Hypothèses

Durant 2 ateliers d’une journée, l’ensemble des 12 dossiers prospectifs a été présenté aux membres du groupe qui pouvaient les commenter et les compléter. A partir des éléments du dossiers, les hypothèses d’évolution des macro-variables ont été construites collectivement en distinguant :

 

  • Les hypothèses tendancielles : qui renvoient aux dynamiques en cours.
  • Les hypothèses contrastées : qui reprennent les incertitudes, les controverses, les germes de changement.
  • Les hypothèses de rupture : qui renvoient aux ruptures.

 

 

Hypothèse tendancielle : Vers une économie industrielle des continents


Du fait des tensions politiques notamment entre la Chine et les États-Unis, la dynamique industrielle ne se pense plus au niveau mondial mais s’organise au niveau des continents : Europe, Amériques, Asie. Au niveau mondial, l’Europe confirme son recul par rapport aux autres régions du monde, elle est moins fortement industrialisée, ce qui la rend fragile.

Le coût du transport est de plus en plus important et implique de relocaliser les lieux de production. Les biens manufacturiers sont fabriqués au sein de chacune des régions continentales pour une distribution aux autres pays de la région. La régionalisation continentale implique par exemple une délocalisation de la production dans les pays de l’Est pour l’Europe plutôt qu’en Asie. En particulier, la production de l’industrie automobile, aéronautique et de la construction sont localisés au sein des régions continentales.
Au sein de ces régions, les usines de production sont reconfigurées : elles sont numériques et regroupées géographiquement en zones de compétitivité, avec des expertises différenciées selon les zones (ex : une zone experte de la production aéronautique, une zone industrie automobile, etc.). Ce sont les grands groupes qui dominent le marché et poursuivent leurs rachats de PME et Startup.

Les industriels ne se focalisent plus seulement sur la baisse des coûts, mais privilégient des investissements sur l’avenir, développent la R&D. A l’image de la Chine, les industriels s’appuient sur les pouvoirs publics pour leurs dynamiques d’investissement, en particulier dans la formation des personnes en charge de la R&D. Cependant, en Europe, la difficulté de pilotage des investissements publics est maintenue.


 

Hypothèse contrastée : Le tournant numérico-industriel porté par l’Europe


Considérée comme une condition indispensable du développement de l’Europe, des investissements substantiels sont réalisés au niveau industriel, en particulier sur son volet numérique. Les entreprises bénéficient tout d’abord d’un financement direct via la réponse à des appels à projets. Ensuite, en cas de choix de certains investissements numériques, les entreprises bénéficient d’avantages fiscaux. Les institutions européennes incitent les industriels à mettre en commun et à mutualiser des ressources matérielles mais aussi à développer des partenariats pour favoriser les échanges de connaissances entre les personnes appartenant à des entreprises différentes. Ainsi, des réseaux d’experts se formalisent et interviennent dans les entreprises industrielles en ayant un rattachement officiel à l’Europe. Enfin, l’Europe réalise des commandes publiques qui permettent de relancer l’industrie.
A partir du développement de ces différentes mises à disposition de ressources, les entreprises peuvent réaliser des investissements, notamment dans le volet relatif à la numérisation de leurs appareils de production. Les personnels sont formés aux outils numériques et développent leurs savoir-faire pour l’utilisation de ces technologies, mais aussi pour la transformation des outils.

Ces investissements sont principalement à destination des industries moyennes. Les ETI et PME (dont la valeur ajoutée actuelle s’élève à 140 milliards d’euros) portent les investissements européens et les mettent en pratique. Cette dynamique aboutit à un niveau d’automatisation très élevé des usines de production. Les salariés sont formés pour développer les services autour des biens produits, dans le cadre de l’économie de la fonctionnalité.

L’Europe, qui investit massivement dans l’industrie, renonce à de nombreux programmes existants et à des projets concernant d’autres domaines. Le risque de désengagement des pouvoirs publics sur les autres dimensions des services publics se concrétise par l’abandon progressif des actions sociales, culturelles, etc. qui ne sont plus considérées comme prioritaires.

 

 

Hypothèse de rupture : Le délitement du modèle chinois


La Chine fait face à de nombreuses difficultés de façon concomitante. Tout d’abord, suite aux investissements d’État massifs dans le développement technologique, comme par exemple pour le déploiement de la 5G, le pays est surendetté. Ensuite, il doit faire face à une concurrence accrue des pays à moindre coût de main-d’œuvre comme l’Inde ou le Brésil. Enfin, la guerre commerciale avec les États-Unis fragilise son économie. Avec la survenue de ces différents événements, la Chine perd rapidement des marchés importants aux États-Unis, en Europe, en Asie, et ne parvient pas à maintenir son niveau de croissance.

Devant ces difficultés économiques croissantes, les tensions au niveau des conditions de travail deviennent de plus en plus fortes, d’autant plus que les produits fabriqués arrivent en fin de cycle de vie, ce qui implique une réduction des coûts encore accrue (restrictions budgétaires, plans de licenciement, etc.). La production peine à se renouveler et à trouver de nouvelles cibles. Ce mouvement est accentué par la fuite des personnes formées qui pourraient être à l’origine du renouvellement de l’industrie et qui s’expatrient dans d’autres pays pour développer leurs compétences.

Lorsque la situation économique devient trop difficile pour le quotidien des chinois, et que les tensions politiques sont trop importantes, le peuple se révolte, remet en cause le pouvoir existant et une phase de transition démocratique s’amorce. Cette transition donne un coup de frein à la dynamique industrielle du pays, les pouvoirs publics étant amenés à se focaliser davantage sur des aspects sociaux afin de diminuer les révoltes et acquérir une nouvelle légitimité.

En Europe, face à ce bouleversement imprévisible, les industriels diminuent leurs échanges avec la Chine, se recentrent sur les pays voisins et prennent en compte les dimensions environnementales et sociales pour développer l’économie circulaire.
 

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