Plans d'action

Plans d'action - EM Strasbourg

Actions transversales 

 

Action 1 : Mise en place d'un système interne de traçabilité des matériaux (Blockchain légère ou ERP avancé)

 

L’instauration d’un système de traçabilité interne constitue un levier central pour les industriels souhaitant maîtriser leur chaîne matière dans une logique d’économie circulaire. Cette traçabilité peut s’appuyer sur des solutions techniques variées, allant d’un ERP avancé intégrant des modules de traçabilité à des technologies plus innovantes comme la blockchain. Les industriels du Grand Est peuvent s’appuyer sur des prestataires locaux spécialisés en digitalisation industrielle ou sur des partenaires nationaux comme Altaroad (pour le BTP), ou des intégrateurs ERP (type SAP, Sage X3, ou Odoo). Pour la blockchain, des acteurs comme Tilkal, Circulor ou encore IBM Blockchain offrent des solutions clés en main, souvent en SaaS, et adaptées à la traçabilité circulaire. Grand Est Développement peut également jouer un rôle clé dans l’identification de prestataires régionaux via sa base d’offreurs de solutions technologiques labellisées “Industrie du futur”, ainsi que dans la mise en lien avec des dispositifs de financement adaptés à la transformation numérique des industriels. L’intégration d’un tel système nécessite de mobiliser le service achat, la DSI, les opérateurs logistiques et les fournisseurs pour collecter les données initiales. Un accompagnement externe (cabinet IT spécialisé, labellisé « Industrie du futur ») est recommandé, tant pour le choix technologique que pour la conduite du changement. L’effort principal porte sur l’alignement des formats de données, la formation des utilisateurs, et l’adaptation des procédures qualité. Le livrable final est un système opérationnel (ERP ou interface blockchain) qui trace les flux de matière et qui permet d’exporter des indicateurs de circularité. Ce type de projet permet de mieux maîtriser son sourcing, de renforcer la transparence en interne et de développer un atout commercial pour les clients et donneurs d’ordre soucieux d’achats responsables.

 

Action 2 : Création d’un atelier de réparation et de reconditionnement interne ou inter-entreprises

 

Face aux enjeux croissants de durabilité, les industriels ont tout intérêt à intégrer une logique de réparation ou de seconde vie au sein même de leur organisation. Cela peut prendre la forme d’un atelier dédié à la remise en état des équipements, composants ou produits, situé en interne ou mutualisé entre plusieurs entreprises d’une même zone d’activité. Cette stratégie permet non seulement de réduire les coûts liés au remplacement de matériel, mais aussi de limiter les déchets, de raccourcir les chaînes logistiques et d’améliorer la résilience industrielle. Pour lancer un tel projet, il est essentiel de réaliser un diagnostic préalable des flux de produits ou équipements générant des pannes ou mises au rebut récurrentes. L’atelier peut être installé dans un espace de production ou un local logistique, équipé d’outils de démontage, de tests et de requalification. L’embauche ou la formation de techniciens spécialisés est un point clé. Dans une optique inter-entreprises, des collaborations peuvent être initiées via des réseaux comme les Clubs d’entreprises, les Chambres de commerce ou des démarches type économie de la fonctionnalité et de la coopération. Il peut aussi être judicieux de s’appuyer sur des structures d’insertion ou des acteurs de l’ESS pour certaines tâches (nettoyage, tri, reconditionnement). En termes d’investissement, l’essentiel repose sur l’équipement initial, la main-d’œuvre, et la gestion du flux retour des pièces. L’atelier pourra générer des indicateurs concrets : taux de réemploi, réduction des achats de pièces neuves, gains carbone, etc. Il devient un levier visible pour les démarches RSE et peut à terme évoluer vers un centre d’expertise technique en économie circulaire au sein de l’entreprise ou du territoire.

 

Action 3 : Référencement de fournisseurs locaux avec critères circulaires

 

Face aux exigences croissantes en matière d’approvisionnement durable, les industriels ont tout intérêt à repenser leur politique d’achat pour y intégrer des critères liés à la circularité. Cela passe notamment par le référencement de fournisseurs locaux capables de proposer des produits recyclés ou biosourcés, issus du réemploi, biosourcés, ou issus de circuits courts. Le réseau CollECtif Grand Est met à disposition une douzaine d’annuaires d’entreprises et d’apporteurs de solution portant sur l’économie circulaire. Si cela constitue une première base, un travail de cartographie des fournisseurs régionaux peut être engagé, avec l’appui des CCI, des clusters ainsi que des écosystèmes de l’économie circulaire territoriale. La démarche nécessite de construire une grille de notation intégrant des critères de circularité (ex. taux de matière recyclée, distance logistique, certifications environnementales). Des audits peuvent être réalisés chez les fournisseurs existants ou nouveaux pour valider leur capacité à répondre à ces exigences. Le réseau Initiatives Durables, fédérant plus de 200 acteurs engagés pour une économie plus responsable, peut constituer un bon point d’appui pour identifier des fournisseurs locaux engagés. Par ailleurs, l’association porte le club EFC Grand Est qui fédère les premières entreprises régionales à avoir engagé une transformation durable de leur modèle d’affaire sous le prisme de l’EFC. Elles constituent, elles aussi, un bon premier vivier pour rechercher des fournisseurs engagés. Également le club EFC Grand Est a rédigé un premier guide pour accompagner la commande publique de l’EmS à mieux intégrer l’EFC dans ses pratiques d’achats. Ce travail mobilise les services achats, qualité, logistique et peut s’appuyer sur des bases de données existantes comme par exemple la plateforme impact.gouv.fr, qui permet aux entreprises de publier les données de leur performance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). L’investissement est principalement humain, centré sur le temps d’analyse et la mise à jour des outils achats. Cette action contribue à réduire l’empreinte logistique, renforcer la résilience en cas de crise d’approvisionnement, et crédibilise l’engagement environnemental de l’industriel, avec pour livrable une base fournisseurs enrichie et classée selon des critères d’achats responsables.

 

 

Action 4 : Mise en place d’un plan de formation interne aux pratiques d’écoconception

 

L’écoconception est un levier stratégique pour diminuer l’impact environnemental des produits dès leur conception. Elle nécessite cependant une montée en compétences des équipes de R&D, bureaux d’études, design produit et marketing. La mise en place d’un plan de formation structuré peut s’appuyer sur des ressources internes (ingénieurs, qualité) ou des partenariats avec des écoles comme l’INSA Strasbourg, l’ENSISA ou encore l’Université de Lorraine. Des modules peuvent être conçus en e-learning, animés en présentiel ou intégrés dans des journées R&D. L’ADEME Grand Est, via ses appels à projets ou dispositifs d’accompagnement (notamment le diag écoconception porté par BPI France) peut co-financer des actions de montée en compétence sur l’écoconception et aider à structurer un parcours de formation ad hoc Il existe par ailleurs, le parcours MakCCIng durable (financé par l’ADEME et la Région GE et opérée par la CCI) qui propose des formations à l’éco-conception. Les thématiques clés portent sur l’analyse de cycle de vie (ACV), le choix des matériaux, la réparabilité, la durabilité et la fin de vie produit. Cette formation doit être progressive, alignée sur les projets en cours et accompagnée d’exemples concrets sectoriels. Les outils d’évaluation d’impact (OpenLCA, Simapro, EIME, …) peuvent être intégrés dans les exercices. Le budget est modeste mais doit couvrir les ressources pédagogiques, l’ingénierie de formation et le temps dédié. Le livrable est un module de formation opérationnel, éventuellement certifiant. À terme, cette action renforce la différenciation produit et la conformité aux futures exigences de marché (ex. passeport produit européen).

 

Action 5 : Mise en œuvre d’un outil d’analyse du cycle de vie simplifié pour la gamme produit

 

Pour progresser en matière d’éco-conception et se préparer à la réglementation future, les industriels doivent être capables de mesurer l’impact environnemental de leurs produits. Sans forcément aller jusqu’à une ACV complète, souvent coûteuse et complexe, il est possible de mettre en place un outil d’analyse simplifié, basé sur des facteurs clés (matières premières, fabrication, transport, usage, fin de vie). Des outils comme Bilan Produit® (ADEME), ou des modules intégrés dans certains logiciels de CAO permettent cette démarche. L’outil peut être construit en interne avec un accompagnement méthodologique externe, ou totalement externalisé à un cabinet spécialisé. Cette action implique les services R&D, qualité, marketing et exige une collecte structurée des données produit. L’objectif est de permettre à l’entreprise d’orienter ses choix de conception, de comparer des alternatives et de disposer d’un argumentaire environnemental crédible pour ses clients. Une grille ACV simplifiée par produit phare ou gamme devient un livrable utile pour les appels d’offres, les écolabels ou les démarches RSE.

 

 

Action 6 : Création d’un groupe de travail inter-entreprises pour mutualiser les achats circulaires

 

Dans une logique d’économie d’échelle et de réduction des coûts, la mutualisation des achats entre entreprises d’un même territoire représente une opportunité importante. Elle permet notamment d’accéder à des flux secondaires (matières recyclées, coproduits industriels), d’optimiser la logistique ou encore de négocier des contrats d’énergie verte en commun. Pour cela, les industriels peuvent initier un groupe de travail piloté par un acteur fédérateur : CCI territoriale, Initiatives Durables, pôle de compétitivité ou association d’entreprises (type Pôle Textile Alsace ou UIMM). Ce groupe peut dresser un inventaire des besoins communs, analyser les gisements disponibles via des plateformes comme INEX circular, et identifier des pistes d’achats partagés. La démarche nécessite peu d’investissement financier mais du temps de coordination, d’analyse et d’animation. Elle débouche sur des actions concrètes telles que la rédaction d’un cahier des charges commun, le lancement d’un appel d’offres ou la signature de contrats pluriannuels. En plus d’améliorer la performance environnementale, cette action renforce les liens entre acteurs économiques du territoire et la résilience collective face aux hausses de prix ou aux tensions d’approvisionnement.

 

 

Action 7 : Renforcer la communication client sur l’impact circulaire

 

Dans un contexte de transition écologique, les clients — B2B ou B2C — sont de plus en plus attentifs à l’impact environnemental des produits. Pour y répondre, les industriels peuvent structurer une communication transparente axée sur les bénéfices circulaires : origine des matériaux, durabilité, recyclabilité, empreinte carbone. Cela nécessite de s’appuyer sur les données issues d’analyses de cycle de vie (ACV), même simplifiées, et de les transformer en éléments compréhensibles pour le client (score circulaire, pictogrammes, storytelling produit).

La mise en œuvre de cette stratégie implique une collaboration entre: le marketing pour le contenu, la DSI pour les supports numériques et la mise à jour des bases de données produits, le commerce pour l’appropriation du discours, et la qualité/environnement pour la vérification des données communiquées. Il est aussi possible de s’appuyer sur des prestataires en communication environnementale ou des outils de notation circulaire existants (par exemple le score produit d’Eco Impact, ou des labels comme « Produit biosourcé ».

Les supports de communication peuvent être déployés rapidement si les données de base sont disponibles. L’effort principal réside dans la standardisation de ces éléments dans la documentation commerciale, la formation des commerciaux à leur usage, et la mise à jour continue en fonction des évolutions produits. Le livrable attendu est une fiche produit enrichie, dotée d’indicateurs visuels d’impact circulaire (pictogrammes, score, courtes phrases explicatives) et intégrée à l’outil CRM ou au site e-commerce.

 

 

Action 8 : Pilotage d’un groupe de projet inter-entreprises sur les déchets communs

 

Dans les zones industrielles, de nombreuses entreprises produisent des déchets similaires sans les mutualiser, entraînant des coûts inutiles et une faible valorisation. La création d’un groupe de projet entre PME voisines permet d’identifier ces flux communs et d’organiser une gestion collective. Ce projet peut être porté par une entreprise locale ou un acteur tiers comme un cluster, une CCI ou un syndicat de traitement des déchets. L’Eurométropole de Strasbourg propose un accompagnement spécifique aux démarches inter-entreprises sur le territoire, notamment pour l’animation de zones d’activités industrielles circulaires ou la logistique partagée des déchets. C’est Initatives Durables qui en assure l’animation. Ce type de projet peut y trouver un cadre et des ressources.

La démarche repose sur des réunions régulières pour cartographier les types de déchets, volumes, contraintes et modes de traitement actuels. À partir de cette analyse, les entreprises peuvent définir des synergies logistiques (bennes partagées, tournées communes, contrats mutualisés). Des outils simples comme une matrice de flux ou une plateforme d’échange de déchets facilitent la coordination.

L’action mobilise peu d’investissement financier, mais demande du temps pour l’animation, l’échange de données et la négociation. Elle débouche sur une convention formalisée de valorisation conjointe, assortie d’un plan logistique clair. Cette dynamique permet de réduire les coûts, de créer de la valeur locale, et d’engager les entreprises sur une trajectoire de circularité collaborative.

 

 

Action 9 : Déploiement de boucles logistiques inversées pour le retour matière ou produit

 

Dans un système circulaire, il est indispensable d’organiser la récupération des produits en fin de vie ou des matières réutilisables. Cela implique de concevoir une logistique dite « inversée » : collecte, tri, retour, réintégration. Ce dispositif peut être internalisé ou confié à un prestataire spécialisé. Il nécessite une cartographie des flux de retour (clients, chantiers, SAV), des protocoles de retour matière, des moyens logistiques adaptés (bacs réutilisables, palettes dédiées, solutions de géolocalisation). Dans le Grand Est, plusieurs acteurs peuvent accompagner cette démarche. Le réseau COCCI propose des services de logistique inversée. Voir également si des collaborations sont possibles avec Derichebourg Environnement ou Paprec. Cette action implique également une communication vers les clients pour structurer l’usage des boucles et valoriser le geste de retour.

Cette action nécessite des investissements modestes mais ciblés : acquisition de contenants de réemploi adaptés (bacs, caisses palettes, racks modulaires), logiciels de suivi logistique ou d’étiquetage (traçabilité retour produit), et éventuellement l’aménagement d’un espace de réception/tri. L’action nécessite également de soutenir les changements en interne via de la formation notamment. En termes de livrables, l’entreprise doit produire une cartographie des flux de retour, un plan logistique inverse détaillé (acteurs, trajets, fréquences, modalités de collecte), et des protocoles standardisés pour le tri, le contrôle et la réintégration des produits ou matières. Un tableau de bord mensuel ou trimestriel recensant les volumes collectés et valorisés permet de suivre la performance de la boucle, de la corriger et d’alimenter les rapports RSE ou les obligations REP.

 

 

Action 10 : Intégration de KPI circulaires dans le pilotage stratégique de l’entreprise

 

Enfin, pour assurer une appropriation durable de l’économie circulaire par l’entreprise, il est crucial d’intégrer des indicateurs spécifiques dans les tableaux de bord de pilotage. Ces KPI peuvent couvrir différents niveaux : % de matière recyclée utilisée, taux de recyclabilité des produits, % de fournisseurs labellisés, part des achats locaux, réduction des déchets, taux de réemploi, etc. L’élaboration de ces indicateurs peut s’appuyer sur des référentiels existants (AFNOR XP X30-901, ISO 14001, GRI).

Les acteurs mobilisés pour cette action sont principalement internes : direction générale, direction industrielle, QSE (Qualité Sécurité Environnement), contrôle de gestion, direction achats, DSI et parfois RSE. Le soutien d’un cabinet de conseil spécialisé peut faciliter la structuration initiale. Certains CCI et clusters du Grand Est proposent également des accompagnements sur la mesure d’impact environnemental et les indicateurs circulaires.

Les investissements sont significatifs en temps homme : il faut analyser les données existantes, les structurer, former les équipes à leur usage, et les intégrer dans les systèmes décisionnels (tableaux de bord, revues de performance). L’adaptation ou le développement de modules dans les logiciels ERP (Sage, SAP, Cegid) peut entraîner des coûts, notamment pour l’automatisation du suivi.

Les livrables attendus comprennent une liste formalisée de KPI circulaires, priorisés selon les enjeux de l’entreprise et un tableau de bord visuel intégré au pilotage stratégique ou RSE.

Une fois mis en œuvre, ces indicateurs permettent une prise de décision plus cohérente, une mesure des progrès réalisés et une valorisation concrète des efforts engagés auprès des parties prenantes — en particulier dans les appels d’offres publics ou les démarches de financement vert. Ils offrent aussi une base précieuse pour préparer les futures obligations réglementaires européennes (directive CSRD, taxonomie verte, passeport produit).

Voir aussi

Thème 2 : Économie circulaire et industrie
Observatoire des futurs